
Le statut d’autoentrepreneur a considérablement simplifié la création et la gestion d’une activité indépendante en France. Cependant, il présente aussi certaines limites et contraintes qui peuvent amener les travailleurs indépendants à se poser la question des alternatives possibles. Quelles sont ces alternatives et comment s’y retrouver dans la jungle des statuts juridiques ?
1. Les autres régimes de travailleurs indépendants
Tout d’abord, il est important de rappeler que le statut d’autoentrepreneur n’est pas le seul régime permettant de travailler en tant qu’indépendant en France. En effet, plusieurs autres régimes sont envisageables pour les personnes souhaitant exercer une activité professionnelle sans être salariées.
On peut ainsi citer le régime classique de l’entreprise individuelle, qui offre davantage de souplesse en termes de chiffre d’affaires ou encore la possibilité de déduire ses charges réelles. En revanche, il implique une comptabilité plus complexe et une responsabilité personnelle illimitée en cas de dettes professionnelles.
Le régime micro-entreprise, quant à lui, présente des similitudes avec l’autoentrepreneur, mais avec quelques différences notables : un plafond de chiffre d’affaires supérieur (176 200 € pour les activités commerciales et 72 600 € pour les activités de services) et une TVA non applicable.
Enfin, les professions libérales réglementées peuvent opter pour le régime de la micro-entreprise libérale, qui permet également de bénéficier d’un plafond de chiffre d’affaires plus élevé que celui de l’autoentrepreneur, tout en conservant la franchise en base de TVA et la simplicité de gestion du régime.
2. Les sociétés unipersonnelles
Pour les travailleurs indépendants ayant des ambitions de croissance ou souhaitant protéger leur patrimoine personnel, la création d’une société unipersonnelle peut être une alternative intéressante au statut d’autoentrepreneur.
L’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) est une forme juridique qui permet d’exercer une activité professionnelle tout en limitant sa responsabilité aux seuls apports réalisés dans la société. L’EURL offre également la possibilité de déduire ses charges réelles et de bénéficier d’un régime fiscal avantageux grâce à l’option pour l’impôt sur les sociétés (IS).
La Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU), quant à elle, présente des avantages similaires à ceux de l’EURL, avec en plus une grande souplesse dans la rédaction des statuts et une meilleure image vis-à-vis des partenaires. En revanche, les obligations comptables et administratives sont plus lourdes que celles de l’autoentrepreneur.
3. Les coopératives d’activités et d’emploi
Les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) constituent une alternative originale au statut d’autoentrepreneur, en permettant aux travailleurs indépendants de bénéficier du statut de salarié tout en conservant leur autonomie professionnelle.
Dans une CAE, les travailleurs indépendants sont regroupés au sein d’une même structure, qui assure la gestion administrative et comptable de leur activité. Chaque entrepreneur conserve la maîtrise de son activité et de ses clients, mais bénéficie également de la protection sociale du régime général des salariés (assurance chômage, retraite complémentaire, etc.).
Ce modèle présente l’avantage de mutualiser les risques entre les entrepreneurs et de faciliter l’accès à certaines prestations ou financements. Toutefois, il implique également un partage des revenus avec la coopérative et peut être moins adapté pour les personnes souhaitant préserver leur indépendance totale.
4. Le portage salarial
Le portage salarial est une autre solution pour les travailleurs indépendants qui souhaitent combiner les avantages du statut salarié avec la liberté du travail en freelance. Ce dispositif consiste à confier la gestion administrative et comptable de son activité à une société de portage, qui se charge également d’établir un contrat de travail avec l’indépendant.
Ainsi, le travailleur indépendant bénéficie de la protection sociale du régime général des salariés, tout en conservant la maîtrise de ses missions et de sa clientèle. Le portage salarial peut être particulièrement intéressant pour les professionnels du conseil ou des métiers intellectuels, qui réalisent des missions ponctuelles auprès de différents clients.
Cependant, cette solution implique un coût non négligeable, puisque la société de portage prélève une commission sur le chiffre d’affaires généré par l’indépendant. De plus, le portage salarial n’est pas adapté à toutes les activités et certains secteurs peuvent être exclus.
5. La franchise
Enfin, pour les travailleurs indépendants souhaitant développer leur activité tout en bénéficiant d’un accompagnement et d’une notoriété déjà établie, la franchise peut être une option à envisager.
Le franchisé exploite une marque ou un concept développé par un franchiseur, en échange du paiement d’un droit d’entrée et de redevances périodiques. Il bénéficie ainsi du savoir-faire et de l’assistance du franchiseur pour développer son activité, tout en conservant son indépendance juridique et financière.
La franchise présente l’avantage de réduire les risques liés à la création d’une entreprise, grâce à l’appui du réseau et à la notoriété de la marque. Néanmoins, elle implique également un investissement initial plus important et des contraintes en termes de respect du concept et des méthodes du franchiseur.
Le choix de l’alternative au statut d’autoentrepreneur dépendra des objectifs, des besoins et des contraintes propres à chaque travailleur indépendant. Il est donc essentiel de bien se renseigner et de comparer les différentes options avant de prendre une décision.